Souper de Noël chez les Landry (QGIS+Inkscape)

Le temps des fêtes, c’est un temps familial; un temps donc pour se souvenir d’où l’on vient. Sur une photo trouvée dans une boite à chaussures chez mes parents, un souper de noël dans le coin de Cabano, dans les années 1940, m’a amené à réfléchir à d’où je viens moi-même. Sur cette photo, l’un des seuls qui n’a pas bougé, c’est mon grand-père. Il est au centre.

Mon grand-père, au centre

On l’appelait le Kit. Issu d’une famille de charpentiers-menuisiers de père en fils, il faisait 6 pieds+, a servi dans la police militaire pendant la SGM. Descendant d’Acadiens déportés, sa branche a eu la chance d’aboutir à Kamouraska: les Anglais divisaient les familles entre bateaux ; les autres se sont retrouvés en Louisiane. De Kamouraska, mes ancêtres ont bougé vers le grand lac Témiscouata, pas loin du territoire acadien de Madawaska, au Nouveau-Brunswick. Pour rendre hommage à ce côté de ma famille, l’idée m’est venue de partager une carte que m’a inspiré cette photo. Cette carte servira de couverture au collectif dont Ken Albala a accepté de signer la préface.

J’ai fait une école d’été avec Ken en périphérie de Rome en 2018, où pendant une semaine nous avons cuisiné des plats allant des Étrusques jusqu’à nos jours. C’était formidable! Ce collectif réunit les textes issus d’une expérience semblable à Sherbrooke.

Ébauche de couverture d’un collectif avec mes étudiant.e.s

J’ai utilisé les fichiers vectoriels fournis par le ministère de l’Énergie et Ressources naturelles pour les cours d’eau (qui n’ont pas changé) et les routes. Ces dernières n’ont pas non plus beaucoup changé depuis les années 1940 dans cette région, comme on peut s’en convaincre à la lecture de cette carte routière de la BANQ une fois géoréférencée.

Si une route n’existait pas dans les années 1940, on peut rendre éditable notre couche vectorielle (cliquer sur le crayon) et choisir l’outil de sélection, pour ensuite faire une sélection et enfin supprimer le segment de route en question.

Il existe plusieurs outils de sélection
Le segment sélectionné

J’ai ajouté sur la carte quelques points noirs pour situer des marqueurs liés à l’histoire de ma famille, comme l’église de Cabano que Narcisse (le père du Kit) avait bâtie et qui a brûlé depuis. J’aurais aimé pouvoir ajouter plus d’éléments qui témoignent du difficile parcours d’une famille qu’on pourrait, par ailleurs, qualifier de migrants, déportés, minorités, opprimés, victimes de crimes pour lesquels le gouvernement fédéral ne s’est encore jamais excusé. Mais je voulais rester sobre, alors je me suis contenté d’ajouter une touche antique à ma carte, en essayant d’imiter ce que l’on voyait autrefois pour illustrer les plans d’eau.

Une vieille carte du Saint-Laurent

Pour imiter cet effet, j’ai dupliqué la couche vectorielle hydro et donné aux versions des noms différents (et pourquoi pas: significatifs).

On peut obtenir des effets intéressants en dupliquant puis superposant des couches

J’ai d’abord créé une couche remplie par un raster que j’ai créé avec Inkscape et qui consiste simplement en lignes avec un trait rustique.

L’idée est ensuite de remplir une de nos couches avec ce raster.

Imaginez les possibilités! Genre (idée eue dans un parc en contemplant une rivière): des sapins qui se reflètent à la surface de l’eau 🤣

Maintenant ajoutons une couche par-dessus celle-ci. Il est important qu’elle soit située au-dessus de la précédente puisqu’elle va définir la distribution des lignes. On ne veut pas des lignes hachurant complètement la surface de l’eau. On veut les distribuer en utilisant le «remplissage dégradé suivant la forme». Yup.

C’est élégant, rustique et économique en encre.

Rivages vintages

Je me suis inspiré du tutoriel de Klas Karlson. Il implique un peu d’Inkscape (sur lequel nous reviendrons dans un prochain article). Mais sinon, même sans connaître l’anglais (qui n’est d’ailleurs pas la langue maternelle de Klas), on peut comprendre ce dont il retourne. En tant qu’historien, quand vient le temps de faire une carte, je pense que tous les trucs sont bons pour lui donner une touche antique… On trouvera plusieurs recettes pertinentes pour les historiens dans ce livre d’Anita Graser (aka Underdark GIS, à qui l’on doit le plugin TimeManager) et Gretchen N. Peterson:

La seconde édition est pour QGIS 3.

← Article précédent

Article suivant →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *